La période de plantation des vivaces est très controversée. Dans le Nord et les régions montagneuses de la France, il vaut mieux la remettre au mois de mars de l’année suivante; à ce moment-là les gelées sont passées.
Dans la France classique et atlantique, ainsi que dans le Midi, on peut mettre en terre la plupart des vivaces dès le mois d’octobre. Toutefois, il y a quelques exceptions.
La plantation des vivaces en octobre
Certaines espèces sont très sensibles au gel pendant la période de leur implantation; d’autres, encore plus nombreuses, souffrent de la longue humidité glacée de la terre pendant l’hiver. Les plantes tapissantes, qu’elles soient rampantes ou plantées en touffes, les valérianes (Centrathus cuber), les sédums, les chrysanthèmes vivaces, les anémones du Japon et toutes les plantes de rocaille craignent les hivers humides.
Dans le Midi, on peut planter les vivaces à n’importe quel moment; il faut simplement attendre le 15 octobre, quand les chaleurs sont passées.
La technique de la plantation des vivaces
Il ne suffit pas de faire un trou, de planter et d’attendre. Il faut également défoncer toute la surface à planter sur 40 à 50 cm de pro¬fondeur, l’amender, la fumer et brasser soigneusement le nouvel amalgame (voir les pages consacrées au mois de mars). Les plantes vivaces craignent les sols hétérogènes, où les mottes compactes sont nombreuses et où les racines doivent traverser des zones de composition physico-chimique très différente.
L’arrosage des sols irréguliers donne d’ailleurs des effets parfois inattendus; certaines mottes absorbent l’eau comme des éponges, d’autres sont à peine humectées. C’est pourquoi on doit brasser la terre et déposer le fumier organique tout au fond de l’encaissement.
La mise en place des bisannuelles de printemps
Ce sont surtout les pensées, les myosotis, les pâquerettes et les giroflées ravenelles, jaunes ou acajou. Il ne faut pas les planter dans la France classique et dans les régions du Nord, car elles risquent d’être détruites par la première forte gelée. Dans les régions méridionales et atlantiques, au contraire, où les vagues de froid sont généralement brèves, les redoux étalés tout au long des mois d’hiver peuvent donner de très belles floraisons.
On plante dans un sol riche et meuble, en respectant les écarts et en assurant aux plates-bandes une bonne exposition et un abri efficace contre les vents du nord, qui sont encore plus dangereux que les simples gelées.
Si l’on ne veut pas les placer dans une plate-bande, on peut les laisser en pépinière si on a fait un semis, ou encore les repiquer sous châssis froid dans les régions de climat rigoureux comme le Nord, les limites septentrionales de la France classique et les plateaux venteux et froids du Centre.
La plantation des bulbes temporaires de printemps
Il s’agit au premier chef des tulipes et des jacinthes. Les jacinthes ne sont pas des bulbes de jardin, mais plutôt de bac ou de jardinière. La terre, ici, doit être préparée comme pour les bulbes d’été plantés au mois de mars et au mois d’avril : 50 cm de terre bien préparée, fine et riche. Les détails de la plantation sont les mêmes que pour les plantes vivaces. Les bulbes hollandais, il ne faut pas l’oublier, doivent leur vigueur et leur beauté à l’épaisse couche d’humus tourbeux des polders, qui atteint souvent plus d’un mètre de profondeur.
Esthétiquement parlant, les plantations de bulbes homogènes sont déconseillées . Si l’on veut produire un effet satisfaisant, il faut au moins une centaine de bulbes, et la floraison reste de toute façon éphémère : dix à quinze jours selon les conditions atmosphériques.
Les mélanges de plantes et de couleurs
Il vaut mieux planter ensemble les bulbes et les plantes bisannuelles à floraison printanière, comme les pensées, les myosotis et les pâquerettes…
On peut aussi mettre des bulbes plantés en touffes dans les bordures mixtes, ou avec les conifères et les petits arbustes prostrés ou dressés. Par contre, leur plantation sur les terrasses et les balcons est très discutable; la floraison est encore plus éphémère, et le vent risque fort de froisser prématurément les pétales.
Et les taupes
Dans le jardin, il faut enfouir les bulbes à 15 ou même à 18 cm de profondeur, ce qui les met à l’abri du gel. Dans les endroits où il y a des taupes, il faut les planter seule¬ment en novembre. Avec les premiers froids, les taupes descendent au plus profond de leurs galeries et cessent de remuer la surface de la terre.
Cette plantation tardive comporte cependant un inconvénient : elle coïncide avec des plantations plus importantes, et il est plus difficile de procéder à la mise en place de bulbes quand le sol est détrempé par les fortes pluies de novembre. Il est alors nécessaire de se servir de sable et de tourbe.
Les semis de primevères en pépinière
On utilise les pépinières classiques, formées d’un carré de terre soigneusement binée, au sol léger et fertile, bien abrité des vents froids. Le semis lui-même ne présente aucune difficulté. Il faut prendre des primevères à tige élevée et à fleurs multiples. Les variétés jaune, bleue, rose tendre très vif (presque magenta) et les tons parme et ardoise sont les plus beaux. Les tons très sombres, bleu nuit, violet améthyste et rouge bordeaux ne donnent rien dans un jardin. Sous le ciel changeant du premier printemps, il faut des couleurs claires.
Plantations des arbres
Les arbres se plantent dans des trous de 60 x 60 x 60 cm.
Les arbustes réclament, eux, des trous à peine inférieurs, de 50 x 50 x 50 cm.
Quant aux arbustes nains, il leur faut 45 x 45 x 45 cm environ. Si on reçoit des arbres livrés en motte dans des bacs, il faut que le trou soit fait de telle façon que la motte entière soit à l’aise dedans; le défoncement doit avoir un volume double de celui de la motte de l’arbre. Il ne faut jamais mettre une motte dans un trou calculé très juste : on ne peut plus atteindre, quand on comble, les parties inférieures situées à la base de la motte, et il se produit des poches d’air.