Véritable alternative à la piscine traditionnelle, la piscine naturelle est à la fois biologique et écologique. Encore mal connue et peu répandue aujourd’hui en France, elle présente pourtant de nombreux avantages dont celui de ne pas avoir à utiliser de produits chimiques pour l’entretenir. La piscine naturelle, que l’on appelle également parfois étang de baignade, fonctionne selon un principe bien particulier et se compose de deux bassins : le bassin de baignade et le bassin de régénération. Une pompe est également nécessaire et la faune ainsi que les plantes aquatiques jouent aussi un rôle déterminant dans le bon fonctionnement de la piscine naturelle.
Le bassin de baignade
Le bassin de baignade est un plan d’eau dans un environnement paysagé naturel.
L’étanchéité du bassin de baignade peut être assurée par une bâche, de la résine de polyester, du béton hydrofugé ou de l’argile.
En ce qui concerne la température, l’eau des zones de végétation peu profondes se réchauffe plus rapidement que celle de la zone de baignade. La température de la piscine se régule donc lorsque les eaux se mélangent, et atteint facilement 32°
en été. Il est parfois préférable de faire passer l’eau dans un cuve enterrée afin de réalimenter le bassin de baignade avec une eau froide à 15° pour tempérer.
Il est possible de réchauffer l’eau grâce à un chauffage solaire. Toutefois, nous déconseillons l’utilisation d’un système de chauffage artificiel qui favorise la prolifération d’algues.
Le bassin de régénération
Une zone de végétation variée, que l’on appelle « zone de régénération », comprenant des plantes immergées en suffisance assurera une épuration plus efficace qu’une zone ne répondant qu’à des critères esthétiques.
Ce bassin achève d’épurer et d’oxygéner l’eau, et agrémente le bassin de baignade. C’est grâce à lui que la piscine sera mieux intégrée au reste du
jardin.
Les plantes présentes dans ce bassin ont des propriétés à la fois décoratives et oxygénantes.
Dans cette zone, on peut créer aussi des « niches écologiques » supplémentaires laissées à la nature, que des mousses et des fougères peuvent coloniser et où de petits animaux ou des oiseaux aimeront faire halte et se baigner.
Comme dans le cas d’une zone d’épuration biologique intégrée, il faut prévoir un bassin d’épuration environ de même taille que le bassin de baignade.
Dans les piscines écologiques « d’une seule pièce », c’est la zone de végétation marginale qui se charge de l’épuration. Elle comprend par exemple des massettes (les différentes espèces de Typha), des iris des marais (iris pseudacorus), le jonc épars (Juncus effusus), le rubanier dressé (Sparganium erectum) ou l’acore commun (Acorus calames), toutes des plantes épuratives typiques.
Il faut simplement éviter d’introduire du roseau dont les rhizomes agressifs sont capables d’endommager la bâche.
Il est possible également ajouter un ruisseau cascade entre la zone d’épuration et la zone de régénération qui, en plus de donner un effet plus naturel à votre aménagement permettra de l’agrémenter d’un agréable bruit de clapotis et d’améliorer l’oxygénation de l’eau.
Le bassin d’épuration
Aussi connu comme système de lagunage il comprend un lit de pierres poreuses et des plantes ripicoles (plantes de bord d’eau).
Les bactéries utiles présentes dans le lit de filtration transforment les substances organiques en matières minérales, qui sont elles-mêmes puisées par les plantes pour se nourrir.
L’eau circule dans des couloirs aménagés pour augmenter la distance de parcours.
Ce bassin assure l’épuration naturelle de l’eau.
La totalité du volume du bassin doit passer toutes les 4 à 5 heures dans le lagunage.
A une vitesse plus élevée, la filtration biologique (cycle de l’azote) n’est pas efficace, les plantes n’ayant pas le temps de jouer leur rôle d’épuration.
L’eau ainsi débarrassée des plus gros déchets, passe dans l’UV et arrive dans le lagunage. Une profondeur de 40 – 50 cm est suffisante. La lagune est remplie de pierre de lave (support poreux).
Il est déconseillé la présence d’eau au dessus des pierres de lave, le développement de larves de moustiques est assez conséquent puisqu’il n’y a pas de poissons pour les détruire.
La pompe
L’essentiel de la filtration consiste en des pompes spécifiques envoyant l’eau chargée de déchets vers le lagunage.
L’installation de pompage est placée soit hors-sol dans un abri, soit sous la forme d’une pompe de piscine immergée.
Le débit de la pompe doit permettre à l’ensemble de l’eau du bassin de passer au moins deux fois par jour dans le bassin d’épuration, soit toutes les 5 ou 6 heures. En été, la pompe fonctionne en permanence, alors qu’en hiver quelques heures par jour suffisent.
L’ensemble du système est enterré ou à l’abri, donc pas de problème de gel.
Un pré filtre (vortex, filtres à grille, filtres à brosse, cuve de décantation…) en amont du lagunage est indispensable afin de réduire l’entretien de ce dernier et éviter un colmatage. Des bondes de fond sont nécessaires pour l’alimentation en eau du filtre et de la lagune.
Il faut aussi prévoir des traversées de parois pour le(s) skimmer(s).
Les Plantes filtrantes dépolluantes et oxygénantes
Le système de filtration des piscines naturelles exploite les capacités naturelles des plantes afin que ça soit possible se baigner constamment dans une eau claire et limpide.
Les plantes absorbent les éléments minéraux en suspension dans le bassin de baignade. Ces derniers sont naturellement fournis aux végétaux par la dégradation de la matière organique (feuilles, branches immergées…) sous l’action de la microflore aquatique présente dans l’eau.
Les végétaux réalimentent l’eau de la piscine biologique en oxygène. En effet, les plantes aquatiques possèdent comme toutes les plantes la qualité d’absorber le gaz carbonique présent dans l’eau du bassin de baignade naturelle, pour assurer le cycle de la photosynthèse et expirer de l’oxygène dans le milieu aquatique.
Pour finir, les plantes accompagnent esthétiquement l’aménagement du plan d’eau naturel. En plus de leurs qualités filtrantes et oxygénantes, la majorité des plantes aquatiques sont également pourvues de floraisons généreuses et variées.
Nous pouvons donc choisir dans ces familles de plantes, celles qui seront immergées dans le plan d’eau ou plantées au bord du bassin de baignade naturelle.
C’est très important le choix des plantes pour votre piscine naturelle, celui-ci dépendant étroitement des conditions du milieu d’implantation de votre bassin de baignade [altitude, températures maximales et minimales, localisation, exposition…].
Des plantes aquatiques spécifiques se chargent de débarrasser l’eau des polluants minéraux ou biologiques. Tous le système fonctionne en circuit fermé sur le principe ancestral du retour par gravitation. L’objectif à atteindre pour une filtration optimale est d’obtenir un débit d’eau être faible pour permettre à l’ensemble de l’eau du grand bassin de passer au moins deux fois par jour dans le bassin d’assainissement.
Quelques plantes intéressantes pour le lagunage grâce à leur faculté à éliminer les matières organiques et à favoriser leur sédimentation: la pesse d’eau (Hippuris vulgaris), le nénuphar jaune (Nuphar luthea), la petite douve (Ranunculus flammula), la sagittaire double (Sagittaria japonica), l’azollée (Azolla).
Quand la piscine naturelle est optimisée, l’ensemble des deux bassins doit fonctionner en toute autonomie à l’image d’un écosystème biologique.
Outre le côté écologique de ce système, l’autre intérêt de la piscine biologique est d’intégrer parfaitement le paysage. Le jardinier peut ensuite laisser libre court à son imagination pour recréer des ambiances exotiques ou classiques selon ses goûts. Le principe naturel permet même d’installer des poissons dans le bassin !
Les plantes aquatiques
La végétation d’une piscine naturelle se compose de plantes épuratives, de plantes oxygénantes et de plantes décoratives.
Il est recommandé d’acheter vos plantes aquatiques chez un pépiniériste spécialisé qui vous garantira la qualité et une meilleure reprise des végétaux.
Les plantes que l’on trouve dans le lagunage sont des espèces végétales qui poussent habituellement dans les marécages : iris d’eau, menthe aquatique, salicaire, reine des prés, roseau, massette…
La plantation dans des paniers ajourés est plus pratique et facilite l’entretien des végétaux.
La période de plantation s’étend du mois d’avril jusqu’au début de l’automne, et la végétation mettra environ 4 mois pour s’installer.
Une baignade naturelle est aussi un jardin aquatique, ce qui permet d’en profiter toute l’année.
La faune aquatique
Une piscine écologique n’est pas un milieu stérile, par conséquent, elle sera inévitablement colonisée par des animaux comme les tritons, les grenouilles, les crapauds, les libellules, les araignées d’eau, les escargots aquatiques… indispensables à son équilibre biologique.
Les animaux aquatiques et amphibiens contribuent à animer le milieu et jouent chacun un rôle spécifique pour édifier et maintenir l’équilibre de l’écosystème miniature que représente le jardin d’eau.
En ce qui concerne les moustiques, l’eau d’une piscine naturelle est en circulation permanente, ne stagne jamais, donc ne favorise pas le développement des larves. De plus, les prédateurs aquatiques (grenouilles,larves de libellules,poissons…) éliminent les éventuels œufs, donc pas de risque d’invasion !!
Quelques petits poissons comme les vairons ou les épinoches peuvent être introduits mais s’ils deviennent trop nombreux leurs déjections risquent de troubler l’eau…Mieux vaut donc éviter l’introduction de poissons et s’en remettre, pour l’équilibre de la chaîne alimentaire, aux grenouilles et libellules dont l’installation est spontanée.
Dans tous les cas, éviter les poissons rouges, véritable fléau qui appauvrirait rapidement le milieu.
Toute cette vie transforme votre piscine en véritable terrain d’observation de la nature pour les enfants.